Aller au contenu

Page:Poisson - Heures perdues, 1895.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 116 —

Et bientôt le sommeil, frère de l’indolence,
Calme enfant de la nuit, hôte aimé du silence,
Me couvrit de son aile, et son charme vainqueur
Vint bercer mon esprit et reposer mon cœur.


Un rêve m’endormit, un songe me réveille.
La muse n’est plus là pour charmer mon oreille.
Jalouse du sommeil qui me fermait les yeux,
Ailleurs elle a porté son vol capricieux.
La nuit est dans mon âme autant qu’à la fenêtre.
Pourtant, premier reflet du jour qui va paraître,
Ma vitre se colore aux lueurs du matin,
Et chargé de sommeil, mon regard incertain
Voit, rivale de l’aube, une flamme encor belle
Obstinément briller. En compagne fidèle,
Éclairant doucement le poète qui dort,
Malgré le jour qui luit, ma lampe veille encor !