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Page:Poisson - Heures perdues, 1895.djvu/215

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Enfin l’homme de quart a lancé le cri : « Terre ! »
C’est le but du proscrit, l’espoir du prolétaire
Qui, vers l’Ouest poussé par un destin fatal,
Fuit pour toujours le ciel de son pays natal.
Terre ! Ce mot magique a remué la foule
Qui sur le pont tantôt désert, malgré la houle,
Se rassemble, se presse, et d’un regard ardent
Sonde les profondeurs du brumeux Occident.
Ce continent nouveau qui sur les flots se lève
Et monte à l’horizon, tous l’ont vu dans un rêve :
Aussi la foule, à l’heure où le couchant rougit,
Salue avec transport la plage qui surgit,


Amérique Amérique ! ô terre libre et belle
Sur qui le ciel sema tous les dons de Cybèle,
Terre où naît, méprisant l’or des vieux écussons,
Une race géante ; où de grasses moissons