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Page:Poisson - Heures perdues, 1895.djvu/27

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L’herbe sur ton tombeau ne croît pas, nul feuillage
N’ombragera jamais le lieu de ton repos.
Jamais tu n’entendras l’harmonieux ramage
Du chantre de nos bois ; jamais la fleur sauvage
N’ira prendre racine où reposent tes os.

Mais tu possèdes plus qu’une fleur si tôt morte,
Qu’un rayon de soleil qui ne luit qu’un moment,
Plus que tous ces parfums qu’un peu de brise emporte,
Plus que l’ombrage frais que le soir nous apporte
Ou qu’un saule pleureur épanche tristement.

N’as-tu pas à jamais ces voix mystérieuses
Qui du temple au Seigneur s’envolent chaque nuit ?
Des célestes esprits les troupes radieuses,