Aller au contenu

Page:Poisson - Recherches sur la probabilité des jugements en matière criminelle et en matière civile, 1837.djvu/164

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

servations, des circonstances quelconques auront rendu plus probables les causes, physiques ou morales, qui donnent les plus grandes chances à l’arrivée de E, il en résultera une augmentation de la valeur de dans cet intervalle, et le rapport se trouvera plus grand dans la seconde série qu’il n’était dans la première ; le contraire arrivera, quand les circonstances auront augmenté les probabilités des causes qui donnent les moindres chances à l’arrivée de E. Par la nature de cet événement, si toutes ses causes possibles sont également probables, on aura et  ; et très probablement, le nombre de fois que E arrivera dans une longue série d’épreuves s’écartera très peu de la moitié de leur nombre. De même, si les causes de E ont des probabilités proportionnelles aux chances que ces causes donnent à son arrivée, et que leur nombre soit encore infini, on aura  ; pour que l’intégrale soit l’unité, il faudra que l’on ait  ; il en résultera donc  ; par conséquent dans une longue série d’épreuves, il y aura une probabilité très approchante de la certitude, que le nombre des arrivées de E sera à très peu près double de celui des arrivées de l’événement contraire. Mais dans la plupart des questions, la loi de probabilité des causes nous est inconnue, la chance moyenne ne peut être calculée à priori, et c’est l’expérience qui en donne la valeur approchée et très probable, en prolongeant la série des épreuves assez loin pour que le rapport devienne sensiblement invariable, et prenant alors ce rapport pour cette valeur.

L’invariabilité presque parfaite de ce rapport pour chaque nature d’événements, est un fait bien digne de remarque, si l’on considère toutes les variations des chances pendant une longue séries d’épreuves. On serait tenté de l’attribuer à l’intervention d’une puissance occulte, distincte des causes physiques ou morales des événements, et agissant dans quelque vue d’ordre et de conservation ; mais la théorie nous montre que cette permanence a lieu nécessairement tant que la loi de probabilité des causes, relative à chaque espèce d’événements, ne vient point à changer ; en sorte qu’on doit la regarder, dans chaque cas, comme étant l’état naturel des choses, qui subsiste de lui-même