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Page:Poisson - Recherches sur la probabilité des jugements en matière criminelle et en matière civile, 1837.djvu/94

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Quelque grande qu’on la suppose, la fortune de B est nécessairement limitée ; si donc on la désigne par un nombre de francs, A ne pourra jamais recevoir une somme plus grande que  ; ce qui diminue, dans un très grand rapport, son espérance mathématique.

En effet, on aura toujours

 ;

étant un nombre entier, et une quantité positive et plus petite que l’unité. Si l’on a , ou seulement , B pourra payer toutes les sommes qui échoiront à A ; mais dans le cas de , B ne pourra plus les payer, lorsque croix arrivera pour la première fois au-delà des premiers coups. L’espérance mathématique de A sera donc pour ces premiers coups ; mais au-delà, c’est-à-dire pour les coups suivants, elle se réduira à la somme constante ou , multipliée par leurs probabilités respectives, depuis jusqu’à . En désignant donc par la valeur complète de l’espérance mathématique de A, ou ce qu’il doit donner à B pour que le jeu soit égal, on aura

,

ou, ce qui est la même chose,

 ;

quantité qui n’est plus croissante avec , et qui est, au contraire, à très peu près indépendante de ce nombre, et se réduit sensiblement à

,

quand il est très grand. Or, la fortune de B ne peut jamais être assez grande pour que cesse d’être un nombre peu considérable ; et, conséquemment, A ne doit exposer au jeu dont il s’agit, qu’une somme peu considérable, comprise entre et . Si l’on suppose que B soit un banquier qui possède cent millions de francs, on trouvera 26 pour la plus grande puissance de 2 comprise dans , c’est-à-dire pour le