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Page:Porché - L’Amour qui n’ose pas dire son nom, 1927.djvu/181

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LA PRÉDICATION D’ANDRÉ GIDE

dans le torrent d’afflictions qui déferlait alors sur le monde. Durant des semaines, le temps que moi-même y restai, il me fut donné d’admirer Gide à l’un des plus sombres confluents du malheur : celui par où passaient à Paris les Belges sans abri. Nombreux, certes, furent les dévouements qui se dépensèrent là, mais Gide apportait à l’accomplissement de sa tâche une dévotion et une intelligence qui mettaient son concours hors de pair. Qui ne l’a pas alors entendu questionner les pauvres fugitifs, ne soupçonne pas jusqu’où va, chez cet artiste que d’aucuns prennent pour un dilettante, la compréhension des humbles, ni de quelles délicatesses précautionneuses il peut nuancer sa bonté.

Au seuil de ce chapitre, il fallait que cela fût dit. Notre objet ici, je le répète, c’est la personne même ; les arguments ad hominem sont donc les seuls qui vaillent. N’oublions jamais, au cours du débat qui va suivre, ce que nous avons éprouvé quant à nous, ce que nous avons pu constater aussi de nos yeux, en des centaines de rencontres : c’est à savoir combien Gide a le cœur fraternel.

L’auteur de Si le grain ne meurt n’a écrit,