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Page:Porché - L’Amour qui n’ose pas dire son nom, 1927.djvu/28

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RETOUR VERS LE PASSÉ

que les écrivains de son école livraient depuis vingt ans bientôt, étant chaque jour vilipendé, insulté, sali, il avait craint qu’on ne l’accusât d’avoir inventé l’histoire de toutes pièces par corruption personnelle : « Quelle clameur si je m’étais permis de dire qu’aucun sujet n’est plus sérieux ni plus triste, qu’il y a là une plaie beaucoup plus fréquente et profonde qu’on affecte de le croire, et que le mieux, pour guérir les plaies, est encore de les étudier, de les montrer, de les soigner ! ».

Donc, Zola confie à son ami, le médecin lyonnais, le document qui dormait dans un de ses tiroirs. Ce document, d’ailleurs, n’est pas le seul du même genre que le romancier avait reçu. Il parle d’une seconde pièce, « une lettre poignante », dans laquelle un autre correspondant « se défendait de céder à des amours abominables et demandait pourquoi le mépris de tous, pourquoi les tribunaux prêts à le frapper, s’il avait apporté dans sa chair le dégoût de la femme, la passion de l’homme ». « Jamais possédé du démon », dit Zola, « jamais pauvre corps humain livré aux fatalités ignorées du désir, n’a hurlé si affreusement sa misère ». Et, compatissant à cette douleur, le romancier, le sociologue, s’écrie : « Pourquoi mépriser un homme