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Page:Porché - L’Amour qui n’ose pas dire son nom, 1927.djvu/40

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DANS LE CLIMAT DE LA POÉSIE

la nature particulière des sentiments en cause ? Sans doute encore, dans les compliments qu’il adresse à son bel « Adonis », le poète a parfois des subtilités qui prêtent à l’émotion l’apparence d’un jeu d’esprit. À cause de cela, est-on en droit de soutenir que le masque est plus vrai que le visage ? Quand donc l’amour, dans l’œuvre entière de Shakespeare, parle-t-il avec simplicité ? N’est-il pas, en toute circonstance, alambiqué, imbu de scolastique médiévale, au point d’insérer les images mêmes dans les distinguo du raisonnement et de les manipuler comme des abstractions ?

J’ai cité Zola, puis Virgile et, en dernier lieu, Shakespeare. Ce n’est pas sans intention que j’ai rapproché des noms si éloignés. Au romancier naturaliste, irrésolu, consciencieux, moral, partagé entre une noble pitié et la crainte de l’opinion, j’ai opposé à dessein des poètes dont deux au moins sont parmi les plus grands. À seize siècles d’intervalle, Virgile et Shakespeare ne se sont pas fait scrupule de chanter ce que précisément l’honnête Zola regardait comme impossible à « mettre dans un roman ».