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le 5 novembre en son château le jeune roi Charles IX. Mais dès 1567 une ligue « des confrères alliés par sainte et divine alliance » s’organise et prête serment dans le palais de l’évêque d’Angers Bouvery ; presque au même temps une levée d’armes des huguenots se déclare, qui rappelle au pouvoir Puygaillard. Les bandes rassemblées par Dandelot dans la vallée de Beaufort parviennent à franchir la Loire aux Rosiers, pillent Montreuil-Bellay sous les yeux des catholiques campés à Doué, puis Saint-Florent et Chalonnes et se répandent dans les Mauges.

La victoire de Montcontour (3 octobre 1569) abrite un instant l’Anjou et y ramène le jeune roi (janvier 1570), qu’y retient pendant deux mois la levée d’un emprunt forcé sur les riches ou « aisés » . L’édit de Saint-Germain accordait aux vaincus le libre exercice du culte dans deux villes de la province et quatre places de sûreté dont Saumur (13 août 1570). Les prêches s’ouvrent à Miré et à Châteauneuf, puis en 1572 à Cantenay. « La grande journée de la Saint-Barthélémy[1], » fêtée à Angers par Ch. de Montsoreau mais réprouvée par les magistrats et par le Corps-de-Ville, réveille des vengeances inexpiables. Les soudards, et à leur suite la peste, la famine, s’abattent d’un même trait sur le pays, livré presque sans trêve aux insolences et aux exactions de Bussy d’Amboise. La « guerre des Trois Henris » débute par le coup de main heureux de Du Hallot sur le château d’Angers, qui après le secours tardif de Condé retombe aux mains de Puicharic et du maréchal d’Aumont. Avec eux un centre de résistance inexpugnable s’y établit, comme à Saumur avec Duplessis-Mornay, dominant pendant neuf ans les ardeurs populaires de la Ligue catholique, jusqu’au jour où le roi Henri IV traite à prix d’argent avec les Saint-Offange et les derniers fidèles du duc de Mercœur qui vient faire à son tour sa soumission à Briolay (30 mars 1598). — Le roi, deux jours après sa sortie d’Angers, signait l’édit de Nantes (11 avril), préparé et rédigé à Angers même. — Saumur, avec la paix et la liberté retrouvées, va devenir par son Académie pendant plus d’un demi-siècle, comme une seconde Genève, plus littéraire encore et plus vivante.

Le roi Louis XIII pour distraire et apaiser les mécontentements de la reine-mère, Marie de Médicis, lui attribua le gouvernement du duché par lettres publiées à Angers le 14 septembre 1619. Sa petite cour y crée tout aussitôt un foyer d’intrigues et de séditions, qu’éteignent à peine « la drôlerie des Ponts-de-Cé[2] » (7 août 1620) et la main mise par le roi sur le château de Saumur (13 mai 1621). La peste, la famine, les inondations, ajoutent leurs désastres, comme par périodes régulières (1626, 1630, 1636, etc.) aux misères créées par les exactions impitoyables de la politique. C’est au milieu de ces calamités et des exaspérations publiques que viennent s’agiter les frivolités de la Fronde.

Quelques volées de canon ont raison de cette aventure et imposent à jamais Paix politique et religieuse.silence aux mutineries populaires. La parole est donnée dès lors aux prédicateurs que met bientôt à l’aise la révocation de l’Édit de Nantes, si désastreuse pour l’Anjou ; — et le terrain reste libre à l’établissement successif et continu des congrégations nouvelles d’hommes et de femmes, contre lequel à certaines heures les pouvoirs publics s’épuisent à réagir en vain. Partout les monastères et les cou-

  1. « Ce procédé si sévère et qu’on ne peut pas entièrement approuver en sa forme », dit tout simplement le moine Roger, p. 438.
  2. V. t. III, p. 153.