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Page:Port - Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire, tome 1.djvu/31

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affluents de la rive gauche, dans le Saumurois et sur les premiers contreforts des Mauges, que se récoltaient à pleine cave les produits renommés des vignes blanches, longtemps réduits aux marchés de Touraine, de Normandie, de Bretagne, enlevés plus tard sur place par les négociants de Hollande et par eux exportés jusqu’en Amérique. Le principal centre d’embarquement, établi au port de Juigné, descendit jusqu’à Chalonnes quand une voie de libre circulation permit aux bateaux plats de remonter prendre charge au cœur même et sous le pied des coteaux vineux[1]. — À ces produits de pure nature, qui plus tard doivent se laisser transformer par une industrie nouvelle, s’ajoute la fabrication du fin guignolet, des liqueurs, des confiseries, sans parler de ces pruneaux renommés, dont le commerce au XVIIIe siècle créait des fortunes proverbiales[2]. — Si en 1703, lors de la plantation du mail d’Angers, il a fallu faire venir d’Orléans les ormeaux et les jardiniers, la villeL’industrie et le commerce. en 1740 trouve à sa portée les tilleuls de l’avant-mail dans les pépinières naissantes, qui vont devenir une des gloires de la terre angevine. — La culture des lins et des chanvres, répandue dès le XIIIe siècle et jusqu’alors exploitée au profit surtout des fabriques du Maine et de la Normandie, s’est emparée aussi à demeure de la haute et basse vallée par la création à Angers en 1649, à Beaufort en 1750, de manufactures de toiles à voiles, protégées de près et réunissant bientôt, sous les mêmes privilèges royaux et une direction unique, 8 000 ouvriers et 200 métiers battants. — Aux essais sans durée en 1642 d’une fabrique de tapis, d’une autre de dentelle ou « point de France », en 1669, succèdent à Angers en 1689 la fondation d’une manufacture de bas de fil, qui en 1737 occupait 600 métiers, — en 1673, et avec le concours de la mairie, d’une raffinerie de sucre, qui produisait dix ans plus tard à suffisance pour toute la province et qu’on voit en lutte en 1754 contre trois entreprises concurrentes, dont une entretenue par les Jésuites, — en 1752 d’une manufacture de toiles peintes par les frères Danton, qui introduit dans le faubourg St-Nicolas toute une colonie de graveurs et de dessinateurs sur bois, au service bientôt de deux maisons rivales, — en 1755, d’une manufacture d’écailles de poissons par Roussel, — et nombre d’autres menues fabriques qui ensemble pourtant rentrent à peine en compte avec la fabrication de la bimbelotterie saumuroise ou du tissage choletais. — Tout ce travail d’ailleurs cherche sa voie avec peine et les anciens métiers tombent. La draperie, autrefois active et qu’avaient transformée au XVe siècle les procédés des ouvriers normands appelés en 1450 et en 1461 par de précieux privilèges, s’est éteinte, faute de moulins à foulon, et n’était déjà plus représentée en 1670 que par 100 à 120 ouvriers façonniers d’étamines ou de droguets. Les verreries de Nuaillé, d’Ingrandes, les poteries du Fuilet, du Doré, de Beauvau, les fours à chaux perdus à l’écart, répandent péniblement leurs produits encombrants, le long de chemins presque partout impraticables, même en été, autrement qu’à dos de cheval. Le réseau de nouvelles voies, dont la construction trop lente s’entreprend vers le milieu du XVIIIe s., doit laisser subsister, là même où il passe, la principale entrave, ces droits locaux, —

  1. Guillory, Les Vignes rouges et les vins rouges en Maine-et-Loire (Angers, Barassé, 1861, in-8o de 150 p. ; — Les Vins blancs d’Anjou et de Maine-et-Loire (Ibid., 2e édit., 1874, in-12 de 142 p.). — Planchenault, Notice historique et pratique sur la culture de la vigne spécialement en Anjou (Angers, Lachèse, 1866, in-8o de 58 p.). — A. Bouchard, Essai sur l’hist. de la culture de la vigne dans le Département de Maine-et-Loire (Ibid., 1876, in-8o de 78 p.).
  2. V. t. I, p. 215 l’art Basson.