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Page:Port - Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire, tome 1.djvu/38

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vent humble et craintive, mais parfois aussi ferme et hautaine, quand la plume est aux mains de quelque personnage d’expérience ou d’autorité. Que de fois j’ai lu et relu ces humbles pages ! et qu’il ferait bon voir venir s’y inspirer de près les jeunes gens d’âme vaillante, et ceux-là aussi, jeunes ou vieux, qui redoutent ou renient le progrès et la liberté !

Le Cahier d’ensemble, « résumé fidèle rédigé dans l’animation même de la grande assemblée[1] », réclame, avant tout et pour résumer, le vote par tête[2], la liberté personnelle, la liberté « entière et indéfinie » de la presse, la périodicité triennale des États Généraux, avec la publicité assurée d’un journal spécial quotidien des délibérations, le vote libre des impôts avec un ministère responsable, des États particuliers et uniformes dans chaque province, la réduction des pensions excessives, la suppression des emplois inutiles, la vente du domaine non réservé par le Roi, la suppression des apanages, afin « que toutes les provinces contribuent à l’entretien des maisons des princes apanagistes, également chers à tous les Français », le remplacement de tous les impôts par une contribution foncière[3] et une contribution personnelle, levées directement par chaque municipalité et versées à la caisse du receveur de la province, le renvoi des troupes étrangères, l’augmentation de la solde des troupes nationales, mises à la charge de chaque province pour supprimer les enrôlements frauduleux et le tirage de la milice, l’élection des municipalités par tous les citoyens, la suppression des abbayes, prieurés, Chapitres, collégiales, bénéfices simples tant réguliers que séculiers (les Cathédrales exceptées) et leurs biens vendus pour l’acquittement des dettes du Clergé et de l’État, l’amélioration du sort des curés et vicaires, l’interdiction des vœux avant l’âge de 30 ans pour les hommes, de 25 ans pour les filles, la suppression des justices seigneuriales, du droit d’aînesse, des substitutions, la libre défense des accusés, la reconstitution des tribunaux en prenant les juges dans les trois Ordres, dont moitié dans le Tiers, l’abolition de la vénalité des charges, la liberté du commerce intérieur, l’uniformité des poids et des mesures, la suppression des fruits de maîtrise et de réception, en conservant les corporations, la propriété reconnue aux paroisses de leurs landes, frous et communaux, la mise à l’étude, après enquête générale, d’un nouveau plan d’éducation nationale[4].

Les 19-21 mars l’assemblée du Tiers-État des cinq Sénéchaussées du gouvernementÉlections de 1789. d’Angers élut ses huit députés[5] aux États Généraux, à qui la province assurait une indemnité de 12 liv. par jour et 400 liv. de frais de voyage. On nomma de même quatre suppléants[6] ; — et une chambre de correspondance, composée de

  1. Comme l’indique un avis en tête du Cahier imprimé contenant les vœux des communes de la Province d’Anjou, Paris, Desenne, 1780, in-8o de 63 pages.
  2. Une recommandation particulière est faite aux députés de se conformer à cet article, p. 57.
  3. Nombre de paroisses d’Anjou fixent cette taxe au dixième du revenu foncier (La Fosse-de-tigné, Liré, le Louroux-Bév., Montfaucon, Morannes, la Boissière et la Chapelle-St-Florent), avec un impôt « sur les gens à portefeuille », commerçants, rentiers (les Cerqueux-de-Maulévrier, la Cornuaille, Juvardeil, Neuvy, St-Jean-de-Linières) et sur les domestiques et les voitures (Morannes, la Cornuaille, etc., etc.). — La petite paroisse de l’Hôpital St-Gilles demande la création d’un ministère du Tiers-État.
  4. Tous les Cahiers locaux, sans prévoir si loin, demandent avant tout une école et un hôpital.
  5. Milscent, Volney, L.-M de la Révellière-Lépeaux, L.-E. Brevet de Beaujour, J.-Fr. Riche, L.-Fr. Allard, Th.-M.-G Desmazières, J.-C. Lemeignan.
  6. Urb. Pilastre, J.-B. Leclerc, P.-J. Druillon, Urb.-R. Davy des Piltières.