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Page:Potvin - Peter McLeod, 1937.djvu/110

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Peter McLeod

balancement des branches craquantes sous la neige pressée lui donnaient une idée de la tourmente qui bouleversait tout autour de lui. Voulant profiter de ce qui restait de jour, il s’enfonça comme il put dans l’épaisseur du bois mais il put à peine parcourir un mille. Alors un petit coin découvert dans un fourré de résineux le décida à s’y installer pour la nuit. Il s’érigea un sommaire abri de branches de sapin et s’enroula dans une épaisse couverte qu’il avait apportée. Avant de s’endormir il s’amusa pendant quelques instants au plaisir de se sentir baigner dans ce sentiment d’euphorie qui nous remplit lorsque nous contemplons autour de nous, à l’abri, les forces déchaînées de la nature… Puis il s’endormit. À l’instar des êtres primitifs, Fred Dufour se donnait corps et âme à l’action, mais une fois disparue la nécessité d’agir, son corps et son cerveau se détendaient immédiatement…

À l’aube, la nature se montra de nouveau claire et souriante. Il se remit en route, mais dans la neige épaisse et molle, il avançait lentement. Il lui fallait lever un pied qui tremblait, lever une tonne de neige, le placer devant l’autre, et ainsi de suite, pas à pas, arpent par arpent. Il lui semblait parfois se démener dans un cauchemar. Enfin il arriva à la tête nord de Kénogami. La marche, dans la suite, fut plus facile sous le bois plus clair et en terrain plat.

Le troisième jour, il aperçut la nappe immense du lac Saint-Jean s’étendant à l’infini et qui resplendissait sous le soleil du midi. Mille joyaux cristallins apportés par le gel paraient le lac. Joyeux et léger,