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Page:Potvin - Peter McLeod, 1937.djvu/175

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Peter McLeod

re des Papinachois, étaient arrivés à Chicoutimi avec de nombreuses délégations de leurs congénères. Ces sauvages venaient rencontrer Peter McLeod qui, au cours de l’hiver, on s’en souvient, leur avait donné rendez-vous à Chicoutimi afin d’aller avec eux à Montréal revendiquer leurs droits auprès du Gouverneur Elgin…

La journée s’annonçait belle encore que dès l’aube, l’ébattement des petits pieds froids de la pluie sur le sol avait un peu inquiété les habitants du bourg. Mais cela n’avait pas duré. Après, une petite brume floconneuse et blanche comme de la ouate avait peu à peu emmitouflé ciel et eau pour se dissiper bientôt devant les premiers rayons d’un soleil victorieux. Et Chicoutimi présenta, un instant, un joli spectacle.

Derrière les maisonnettes de bois blanc échelonnées autour du Bassin, on voyait des clairières coupées de bouquets de petits bouleaux dont la précise ramure de clair argent transparaissait sous des nuées d’or si légers qu’un souffle eut suffit à les soulever vers l’azur. Ici et là, partout, des moignons d’arbres, abattus sans trop de méthode, surgissaient dans la brume du matin. Les maisons étaient serrées au milieu de leurs jardinets déjà verts de légumes naissants. Les toits attendaient les premiers coups de soleil. Entre les maisons, sur le chemin, des poules caquetaient et des porcs grouinaient, promenant, frémissant, leur museau tavelé… Et le long de tout cela, le Saguenay, couleur d’étain, coulait lourdement, sorti des Terres Rompues… On le sent qui s’en va, là-bas, balourd, dans son labyrinthe de caps, se mêler, à la fin, sous un vaste