Aller au contenu

Page:Potvin - Peter McLeod, 1937.djvu/197

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
195
Peter McLeod


— XVII —


C’est quelques mois après le voyage à Montréal avec les chefs montagnais que la fin arriva pour Peter McLeod. L’alcool, plus que le temps, avait commencé de bonne heure à opérer son œuvre de désagrégation. Et c’est juste au déclin prématuré de cette vie ardente que s’inscrivait pour lui au livre du destin une œuvre de miséricorde corporelle qui devait être la grande œuvre de sa jeune vie. Il n’avait que quarante-deux ans… Un peu plus tard, lorsque l’atroce souffrance aura cloué son corps, masse inerte, sur un poisseux grabat de fortune, il songera, non sans une certaine volupté, à cette miséricordieuse mission qu’il avait remplie, cet été-là, pour ses frères les Montagnais, auprès du représentant à Montréal du grand Ononthio…

Avec quelle cordialité lui et ses compagnons indiens : Tumas Mésituapaniskan, Jusep Bakanifus et Basil Thishenapan, ainsi que son ami de la Côte Nord, John McClaren, avaient été reçus par le gouverneur Elgin ! C’est lui, le Boss, qui avait traduit pour le « grand frère » l’adresse présentée en langue montagnaise et lue par Tumas Mésituapaniskan. Il y avait mis toute son âme et toute sa farouche énergie. Au