Aller au contenu

Page:Potvin - Peter McLeod, 1937.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
207
Peter McLeod

tent tout le corps qui devient une forme vide et flasque… La tête en arrière, les lèvres pendantes, le malheureux semblait vouloir comme arracher des lambeaux d’air avec ses dents, ainsi que des touffes d’herbe… des yeux horrifiés qui s’exorbitent… Puis, une minute d’une paix, d’un calme abominable.

Enfin, un cri : le hurlement d’un fauve, un long râle douloureux, atroce, poignant !… horrible, décevante et dernière ardeur d’une vie étouffée, laissant chanter dans la chair, dans la cervelle, une presque imperceptible plainte saccadée, ralentissant en le scandant le rythme douloureux du sang qui se figea soudain…

Et alors, n’ayant que pour témoin, un bonhomme à la face de singe, qui ricanait, la mort entra en plein soleil et en pleine lumière, clarté mourante et geste d’ombre… Sur le visage de Peter McLeod, elle posa le geste de ses mains, toucha les ailes du nez, allongea le front, aiguisa des angles d’os dans le masque livide, fabriqua avec industrie cette beauté que compose la dernière paix où il ne reste ni angoisse ni détresse, mais bien plutôt l’apaisement, dans une mystérieuse certitude, et comme un épanouissement… laissant au creux ardent des yeux, la suprême ardeur, en veilleuse… Et jusqu’à l’enfouissement sous terre, il n’y eut dans ce corps immobile autre chose que cette lueur.

Peter McLeod avait vécu. C’était en prime automne — 1852 — le soir, le couchant laissant filtrer dans le “main office” une large coulée d’or…


— FIN —