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Page:Potvin - Peter McLeod, 1937.djvu/29

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Peter McLeod


— III —


Peter McLeod avait dans les veines, eut-on dit, du sang de toutes les bêtes fauves de la forêt laurentienne. Du caribou, il avait l’agilité, l’orgueil de l’orignal et la force massive de l’ours noir. Il possédait l’astuce du renard, l’activité et l’initiative du castor, la férocité du loup. Il les résumait toutes. Et dans ce cocktail animal apparaissaient les plus belles qualités de l’homme, de prime abord incompatibles avec les qualités et les vices de la brute ; bon comme un enfant, loyal, franc comme l’épée du roi, sincère, ignorant le mot fourberie. Du côté brute encore, si l’on eût voulu étendre le parallèle en dehors de la faune laurentienne, on lui eût trouvé la fierté du lion, la souplesse du tigre, la férocité de la panthère. Mais il n’y avait rien de la duplicité du serpent chez lui ; et il ne pouvait ramper. Sa violence ne connaissait ni entraves, ni bornes. Son poil se levait droit sur son corps et ses narines palpitaient de fureur ; puis, sans transition, il devenait doux comme un tendre agneau. On s’approchait pour caresser l’agneau et voilà qu’un lion bondissait et rugissait. Sa colère ? Pour un rien, il éclatait comme un coup de tonnerre, puis, sans le moindre écho de la foudre qui tombait, on n’apercevait plus devant soi que les vapo-