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Page:Potvin - Peter McLeod, 1937.djvu/46

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Peter McLeod

des torsades noirâtes de fumée. Tout est de niveau. Une immense étendue blanche, glacée, impénétrable, fantasmagorique, recouvre la terre. Et des nuits de plomb écrasent tout. Puis c’est le silence subit, presque effrayant. Pas un souffle ne tremble. Tout se tait, s’assourdit.

Et, un autre jour, la chute de neige finie et les vents calmés, un ciel remonté, d’un bleu étincelant, déverse des torrents de lumière crue sur le paysage blanc qui les renvoie avec un scintillement plus intense.

Malgré sa sauvage beauté, c’était la saison redoutable et redoutés des quelques trois cents habitants, colons et hommes des bois, disséminés dans la vallée de la rivière Saguenay. Cette sauvage et lointaine contrée, jusqu’alors avait été fermée comme un livre. Pénible début d’une harassante randonnée à travers un territoire informe, tourmenté, étouffé sous d’âpres montagnes, de caps effarants et de forêts sans fin…

Aux bords de la Baie des Ha ! Ha ! les colons ont commencé leur œuvre de vie. Ils n’étaient qu’une poignée, mais ni des miséreux ni des aventuriers. Ils étaient des cultivateurs qui vivaient sur des terres concédées à leurs ascendants dans les vieilles paroisses de Charlevoix. Mais ils sentaient couler dans leurs veines le sang, riche et généreux, de ces preux dont la plupart furent leurs ancêtres et qui, en arrivant de la vieille France, essaimaient, faisant généreuse souche dans l’Île d’Orléans et tout le long de l’ondoyante côte de Beaupré. De l’Île d’Orléans, de Beauport, de Beaupré, ils étaient partis et, se dirigeaient étape par étape, plus au nord-ouest, ne laissant pas d’un pouce s’éloigner