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Page:Potvin - Peter McLeod, 1937.djvu/86

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Peter McLeod

La surprise fit taire tout le monde. C’était Peter McLeod qui venait de parler. Depuis qu’il était revenu des premières recherches, le long de la rivière, Peter McLeod avait gardé un silence farouche. Assis à un bout de la grande table, les yeux durs comme des clous, il s’était fait apporter un gobelet et, ayant sorti de la poche de son gros capot d’ours un énorme flasque de whisky, il en avait ingurgité trois ou quatre énormes lampées. Il avait renversé sa chaise contre le mur, placé ses pieds chaussés de mocassins sur la table, enfoui ses mains dans ses poches et s’était mis à concentrer ses pensées sur le problème qui surgissait devant lui, tout en prêtant une oreille distraite à ce qui se disait, dans la pièce ; puis, il avait à plusieurs reprises allumé sa pipe.

— Alors…, vous savez qui a fait le coup, M. McLeod ? demanda Jean Gauthier.

— Oui, et encore une fois, il n’y a pas de sauvage là-dedans. Il y a pire !

— Pire… pire que les sauvages ! Alors ?

« Je vas vous le dire », reprit Peter McLeod. « C’est Tommy Smith qui a enlevé Mary Gauthier et les chiens de Pit Tremblay ».

Celui-ci sursauta.

« Ah ! l’enfant de démon ! j’vous cré, M. McLeod, je vous cré, asteur. Il y a que c’bandit-là capable de faire une affaire pareille ! »

— Mais, Tommy Smith n’est donc pas à l’Anse-au-cheval ? demanda Joe Morin

— Vieux nigaud… Il y était, mais il en est revenu quand il a su que Fred Dufour était à ses trousses.