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Page:Pour lire en traîneau - nouvelles entraînantes.pdf/109

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demandait comment ils pouvaient bien faire pour arriver à tourner et à se tenir en équilibre. Cependant, après un dernier tourbillon, il remettait sa danseuse en place de ses larges mains osseuses et s’arrêtait comme si de rien n’était aux applaudissements de la foule.

C’est surtout dans la fameuse nuit du Grand Prix de Paris, à Mabille, sur le rond de parquet légendaire, sous les palmiers de zinc, que Valentin-le-Désossé remportait son brillant succès avec ses partenaires favorites. Tandis qu’il valsait, les Anglais, dans les boxes du fond se collaient des cuites consciencieuses de champagne, soit pour noyer le chagrin de la défaite, soit pour célébrer leur victoire, et cette nuit-là, les voitures circulaient tard dans l’avenue Montaigne.

Rien n’était curieux, vivant, grouillant, amusant comme ce coin du parc, moitié naturel, moitié artificiel pendant une soirée du Grand Prix.

En temps ordinaire, c’était plus calme. D’ailleurs, tout Paris, et surtout la province et l’étranger allaient faire un tour à Mabille, et les jeunes mariés du dehors y venaient toujours passer une soirée pendant leur voyage de noces. J’en ai bien conduit ainsi, des plus comme il faut, des plus braves, comme l’on dit dans le midi, des jeunes ménages de mes amis ou de mes parents, et la stupéfaction de la jeune mariée était bien la chose la plus réjouissante du monde. D’ailleurs, relativement, il y avait à Mabille, infiniment plus de tenue qu’à la Closerie des Lilas, c’est-à-dire à