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Page:Pour lire en traîneau - nouvelles entraînantes.pdf/114

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et vénérable, qui fut l’asile des hommes les plus illustres et même des femmes valeureuses qui n’avaient pas de poil dans la main, comme le capitaine Brulon, est aujourd’hui à peu près désert, parce qu’il n’y a plus de grandes guerres et c’est là ce qui nous comble de confusion pour l’honneur de l’armée et la gloire nationale.

« Le dernier des Napoléon n’avait certainement pas la santé ni le culot du premier, mais enfin, il fit encore de son mieux et nous donna successivement les guerres de Crimée, d’Italie, de Chine, d’Algérie, d’Asie-Mineure, du Mexique, sans compter la campagne de 1870, pour repeupler et redorer un peu notre cher Hôtel des Invalides.

« Mais, depuis la guerre, plus rien, Monsieur le Ministre, plus rien, vous le savez mieux que nous ; à peine quelques petites expéditions coloniales, quelques promenades contre les Kroumirs où il n’y a pas de morts et pas même de blessés.

« C’est une honte et on se demande quelles sont les panades qui nous gouvernent aujourd’hui.

« Et tenez, puisque nous parlons de panade, il n’y a même plus de quoi en faire dans le fond de la grande marmite des Invalides, avec la poignée, la pauvre petite poignée de deux sous d’invalos qui nous restent.

« On a bien tué des milliers et des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants et blessé des centaines de mille d’autres dans la dernière croisade de Chine, mais c’était toujours des Chinois