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Page:Pour lire en traîneau - nouvelles entraînantes.pdf/208

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Cet incident de peu d’importance une fois vidé, je suis amené à parler tout naturellement de Courbet, que l’on cache autant que l’on peut avec son admirable scène : Enterrement à Ornans au Louvre, et de Manet, dont on cache l’Olympia au Luxembourg depuis 1890. Certes, je connais les défauts et les qualités de Gustave Courbet aussi bien que d’Édouard Manet, mais je connais aussi leurs qualités faites toutes de sincérité, de probité artistique et d’amour de la vie aussi bien que de la nature.

Tous les peintres officiels, les ratés, les ronds-de-cuir et les académiciens leur ont barré la route pendant près d’un demi-siècle, et aujourd’hui, juste retour des choses humaines, l’heure de la réparation a sonné pour ces grands morts, et c’est plus que la justice immanente, c’est la logique des choses qui veut qu’il en soit ainsi. C’est la revanche définitive du talent, et tandis que la plupart de leurs contempteurs sont rentrés dans le néant de l’oubli, avant même d’être morts, avant d’avoir eu le temps de dépouiller leur frac à palmes vertes, eux, les grands amants de la nature vont entrer au Louvre en triomphateurs ! En vérité, je ne sais pas de spectacle plus consolant pour l’âme d’un artiste ou d’un philosophe qui professe encore le culte du beau et la religion de l’Idéal, mais du vrai, pas de celui en carton-pâte de l’enseignement officiel.

Depuis quelques temps, les uns ont beaucoup loué, les autres ont beaucoup critiqué Clemenceau