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Page:Pour lire en traîneau - nouvelles entraînantes.pdf/297

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chien et comme le riflard, qui a rendu célèbre une monarchie, habituée à faire sa poire, est encore interdit à l’armée française, tout le monde se précipite dans le café pour éviter une grosse averse.

Un jeune sous-lieutenant, désolé de voir ses bottes toutes maculées de boue, s’écrie :

— Non, quel sale temps, quel sale temps ! J’ai cru que toute la colonne allait fondre ; c’est dégoûtant !

Invariablement, le capitaine Circuit, en profond philosophe qu’il était répondait :

Il vaut mieux ce temps-là que s’il n’en faisait pas du tout.

— ?…

— J’ai dit : Il vaut mieux ce temps-là que s’il n’en faisait pas du tout.

— Parfaitement, mon capitaine, mais voyez donc dans quel état sont mes bottes, toutes mouchetées de taches de boue, si ça n’est pas navrant.

Jusque là, le colonel qui s’était absorbé dans la confection savante d’une absinthe, en faisant fondre lentement deux morceaux de sucre posés sur la petite truelle-écumoire que l’on place sur le verre et qui était arrivé un peu avant les autres n’ayant pas commandé la colonne, c’est-à-dire immaculé, en frappant légèrement de sa cravache ses belles bottes vernies, lança :

Quand on ne peut plus plaire par la tête, on plaît par les pieds…

Et comme l’assemblée marquait son étonnement :