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Page:Pour lire en traîneau - nouvelles entraînantes.pdf/359

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général Rolin : « Je ne veux pas de musiciens, a déclaré l’empereur ; ils racontent ce qu’ils ont vu et ce qu’ils n’ont pas vu. » L’impératrice laisse tomber son éventail ; je me précipite. « Non, dit le souverain, ne faites pas de peine à ce jeune homme qui veut être galant. » Ce jeune homme, mince, fluet, au visage éteint et momifié, a fait le portrait de Marie-Antoinette ; c’est le peintre Isabey ; il a quatre-vingt-dix ans. On fait tourner une table ; le guéridon « trouve la compagnie choisie mais bruyante » ; on le faire taire. Charade. Le mot est musard ; l’impératrice figure une Muse ; le peintre Gudin vend des bonbons et on lui donne des arrhes. La grande-duchesse de Bade se montre scandalisée. Elle suffoque quand l’empereur et l’impératrice dansent la Boulangère, toujours aux sons de l’orgue de Barbarie. Je danse avec la princesse Mathilde. Passé minuit, Brouyn de Lhuys me relance sous la plaque de Monaldeschi ; nous reparlons de l’Orient. Je suis rompu. Quel rude métier que celui de diplomate ! »

Tout cela est fort bien dit, mais ce qu’il est intéressant de savoir, c’est que le baron de Hubner était non seulement un diplomate bien avisé et très spirituel, mais encore un écrivain et un globe-trotter d’un véritable mérite. Lorsqu’il prit sa retraite de diplomate, septuagénaire et alors que l’on songe en général au repos, il se mit à faire le tour du monde et à publier, à son retour, plusieurs gros volumes sur ses voyages. Il faut avouer que ce n’est point banal. Je me souviens qu’il en a pu-