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Page:Pour lire en traîneau - nouvelles entraînantes.pdf/401

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écrivains. Les premiers occupaient un carré dit spécial tandis que les écrivains étaient logés au pavillon de l’Est, appelé Pavillon des Princes par les détenus eux-mêmes, comme plus tard ils devaient donner le nom de Grande Sibérie à une autre partie de l’antique prison.

Blanqui, bien que conspirateur, était chez les écrivains ; il est entendu que si je raconte ainsi les choses, ce n’est que pour garder la physionomie exacte de l’époque et non pas pour chercher à excuser les procédés expéditifs du gouvernement d’alors.

Malgré sa grande influence politique, car il fut le plus redoutable adversaire des monarchies, Blanqui restait toujours silencieux, ne parlait pas et ne voulait pas s’ouvrir au directeur, c’est-à-dire à celui qu’il considérait comme son geôlier. Mais il ne se plaignait jamais et s’enfermait dans une dignité farouche qui en imposait à tout le monde dans la prison.

Ce n’était cependant qu’un petit bonhomme, un tout petit bonhomme, mince, grêle, ramassé, il n’était pas orateur ; néanmoins il fut toujours l’ennemi le plus redoutable des tyrans, parce qu’il avait pour lui les principes, et, vue ainsi à distance, cette étrange figure s’éclaire et grandit singulièrement, car elle est comme la revanche du droit sur la force…

Vermorel au contraire était un homme charmant, élégant, agréable, comme il faut, très courageux, il prit à partie mon père vers la fin de