née et résolue aux pires extrémités, dans la salle des Pas-Perdus de la gare Saint-Lazare.
Le mot était : « Suivant les circonstances, assommez le président Loubet si faire se peut ; en tout cas, si la police vous empêche de l’atteindre, conspuez-le fortement. » J’étais là, avec mon coupe-file à la main, mais n’ayant pas voulu me mêler à cette tourbe calme en apparence, froide et sinistre, lorsqu’un de mes amis, un vieux socialiste de Seine-et-Oise, tenant un des grands cafés de Saint-Cloud, en face le Cadran-Bleu, — je précise, — et mort depuis, vint à passer.
— Eh bien ?
— Ça sent mauvais.
— Je suis au milieu de cette foule pour voir.
— Prenez garde d’être reconnu ; c’est dangereux.
— Bast.
— Venez me retrouver chez Mollard quand le président sera rentré.
— Entendu.
Et une heure plus tard, en prenant un bock, voilà ce que me racontait mon ami :
— Petit à petit, je me suis insinué dans cette foule compacte, et des messieurs très chics se mirent à circuler dans les groupes en nous disant :
— Vous connaissez le mot d’ordre du patron : « Tapez, et s’il n’y a pas moyen, gueulez ferme, au moins, au passage de Loubet, » et en même temps ils nous remettaient à tous un paquet de tabac de cinquante centimes.