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Page:Pour lire en traîneau - nouvelles entraînantes.pdf/84

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les couples ; à travers les arbrisseaux, les oiseaux s’envolèrent, et je me levai pour aller déjeuner.

En rentrant par la grande allée transversale — celle qui reste ouverte toute la nuit — pour aller rejoindre par la rotonde, la rue de Prony, je croisai un vieux gardien alsacien que je connais de vue depuis bien longtemps.

— Eh bien savez-vous que vous avez ici de bien beaux merles.

— Oui, monsieur, et même les peintres du quartier habitués à aller dans la forêt de Fontainebleau ou à la campagne, disent qu’ils n’en ont jamais vu nulle part d’aussi gros, me répondit le vieux brave, avec un fort accent et un léger orgueil. Mais vous avez eu de la chance de passer ainsi une heure en compagnie d’un couple de merles, ils ne se laissent guère approcher. Tous les jours ici il y a des messieurs qui donnent à manger aux oiseaux ; les moineaux viennent manger dans leurs mains, les ramiers se posent parfois sur leurs épaules, les merles restent toujours à l’écart. Et, tenez, voyez ce gros nid, sur cet arbre, au-dessus de la route centrale qui traverse tout le parc dans l’autre sens, ce sont deux merles qui l’avaient construit la semaine dernière. Mais dimanche, c’est-à-dire avant-hier, la foule en passant, s’arrêtait pour admirer le nid, en levant le nez en l’air ; ça les a contrariés et ils sont partis ailleurs en faire un autre, mais allez, il n’a pas été longtemps abandonné.

— Comment celà ?