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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/122

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d’exercices. Je ne remis pas plus loin non plus à lui demander quelque éclaircissement sur sa famille. Je connaissais l’ancienneté de sa noblesse, mais les lumières que je désirais étaient celles que je pouvais rendre utiles à Théophé.

En me répétant ce que je savais déjà de l’ancienne noblesse de son père, il m’apprit qu’il prétendait descendre d’un Condoidi, qui était général du dernier empereur grec, et qui avait fait trembler Mahomet II peu de jours avant la prise de Constantinople. Il tenait la campagne avec des troupes considérables ; mais la situation de l’armée turque ne lui permettant point d’en approcher, il prit la résolution, sur les dernières nouvelles du misérable état de la ville, de sacrifier sa vie pour sauver l’empire d’Orient. Ayant choisi cent de ses plus braves officiers, il leur proposa de le suivre par des chemins où il n’y avait point d’espérance de faire passer une armée, et, s’y engageant à leur tête dans la plus grande obscurité de la nuit, il parvint au camp de Mahomet, qu’il s’était promis de tuer dans sa tente. Les Turcs se croyaient en effet si couverts de ce côté-là, que la garde y était faible et négligente. Il pénétra, sinon jusqu’à la tente de Mahomet, du moins jusqu’à celles qui l’environnaient et qui appartenaient à son équipage. Ne s’arrêtant pas à faire main basse sur des ennemis qu’il trouvait ensevelis dans le sommeil, il ne pensait qu’à s’approcher