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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/164

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je fis confesser à Théophé que plus je connaissais le prix de la vertu, plus je devais d’admiration aux sentiments dont elle était remplie. Je lui fis comprendre que dans les idées de la vraie sagesse, le mépris n’est dû qu’aux fautes volontaires, et que ce qu’elle nommait ses égarements n’en devait pas porter le nom, puisqu’il aurait supposé qu’elle connaissait déjà ce qu’elle n’avait appris que par l’occasion qu’elle avait eue de m’entretenir au sérail. Enfin, je lui promis avec une estime constante, tous les soins dont j’étais capable pour achever l’ouvrage que j’avais eu le bonheur de commencer, et je m’engageai par des serments redoutables à lui laisser la liberté non seulement de me fuir, mais de me haïr et de me mépriser moi-même, lorsqu’elle me verrait manquer aux conditions qu’elle voudrait m’imposer. Et pour ôter tout air d’équivoque à mes promesses, je lui fis à l’heure même un plan dont je soumis tous les articles à sa décision.

« Cette maison, lui dis-je, sera votre demeure, et vous y établirez l’ordre qui vous conviendra le mieux. Je ne vous y verrai pas plus souvent que vous ne me le permettrez. Vous n’y verrez vous-même que ceux qu’il vous plaira d’y recevoir. J’aurai soin qu’il n’y manque rien pour vous occuper utilement ou pour vous amuser. Et dans le penchant que vous marquez pour tout ce qui peut servir à former l’esprit et le cœur, je pense à vous faire apprendre la langue de