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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/169

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pour des vertus qui sont peu connues des femmes en Turquie. Je ne lui cachai pas même que dans l’étonnement que j’en avais eu, je n’y avais pris quelque confiance qu’après les avoir mises à l’épreuve, mais que n’ayant trouvé que des sujets d’admiration dans les sentiments d’une personne de cet âge, j’étais résolu de lui accorder tous les secours qui pouvaient conduire des inclinations si nobles à leur perfection, et, que le connaissant lui-même, je ne doutais pas qu’il ne fût porté à seconder mon dessein. De tout ce discours, que je tournai avec beaucoup de ménagements, il n’y eut que les derniers termes que je regrettai d’avoir laissé échapper.

Le Sélictar répondit à mon attente en me protestant qu’il respectait des sentiments tels que je les représentais dans Théophé, et qu’il n’avait jamais prétendu les exclure du commerce qu’il s’était proposé avec elle ; mais il prit occasion de l’opinion que je marquais de lui, pour m’assurer que, sa tendresse augmentant avec son estime, il voulait lui témoigner plus que jamais le cas qu’il faisait d’elle. Je ne pus me défendre de la proposition qu’il me fit de m’accompagner quelquefois à Oru, qu’en lui offrant toute la liberté que j’accordais chez moi à mes amis, mais avec la réserve que Théophé y mettrait elle-même, par le droit que mes serments lui avaient donné de ne voir que ceux qu’elle voudrait dans sa solitude.