Aller au contenu

Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

core espérer de l’adresse et de la prudence. Celui de m’ouvrir au Bacha me parut le plus dangereux. En m’exposant à son indignation, il ne pouvait servir qu’à attirer la haine de son intendant, et c’était rendre toutes les autres voies beaucoup plus difficile. Mais il me vint à l’esprit de m’adresser à vous. Tout le changement que j’éprouvais était non seulement votre ouvrage, mais devait recevoir de vous sa perfection. J’espérai qu’avec un peu de cette prévention que vous aviez marquée en ma faveur, vous ne me refuseriez pas votre secours.

« La difficulté n’était qu’à vous faire connaître le besoin que j’en avais. Je me hasardai à sonder une esclave, qui m’avait été fort attachée depuis mon entrée au sérail. Je lui trouvais tout le zèle que je désirais pour me servir ; mais elle était aussi resserrée que moi dans nos murs, et, n’en pouvant sortir sans crime, elle n’eut à m’offrir que l’entremise de son frère, qui est au service du Bacha. Je résolus d’en courir les risques. J’abandonnai entre les mains de mon esclave une lettre que vous avez reçue sans doute, puisque vous ne pouvez avoir eu d’autre motif pour vous employer à ma liberté, mais qui m’a jetée pendant quelques jours dans une nouvelle incertitude. Une de mes compagnes, attentive à ma conduite, et jugeant à mon air chagrin que je roulais quelque projet extraordinaire, m’observa dans le temps que j’écrivais ma lettre, et ne décou-