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Page:Prévost - Histoire d’une Grecque moderne (Flammarion, 1899), tome I.djvu/99

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Je me fis un reproche, en me retirant, d’avoir gardé tant de mesure avec une femme qui sortait du sérail, surtout après le récit qu’elle m’avait fait des autre circonstances de sa vie. Je me demandai à moi-même si en supposant qu’elle n’eût pour moi toute l’inclination que je lui croyais encore, j’étais disposé à m’attacher à elle dans le sens qu’on donne en France à ce qu’on appelle entretenir une femme ; et me trouvant moins d’éloignement que je n’en avais eu d’abord pour former cette sorte de liaison avec elle, il me sembla que sans employer tant de détours, je n’avais qu’à lui en faire naturellement la proposition. Si elle la recevait avec autant de satisfaction que je ne croyais pas devoir en douter, la passion du Sélictar ne pouvait me causer d’embarras lorsqu’il m’avait déclaré lui-même qu’il ne prétendait rien obtenir de la violence ; et quand les informations que je voulais prendre me feraient découvrir sa naissance, ce qui la relèverait un peu à mes yeux n’empêchant point qu’elle n’eût essuyé les disgrâces qu’elle m’avait racontées, je ne voyais dans toutes les découvertes que je pouvais faire qu’une raison d’augmenter mon goût pour elle, sans qu’elle en fût moins propre au commerce où je voulais l’engager. Je m’arrêtai absolument à ce dessein. On voit combien j’étais encore éloigné de tous les sentiments de l’amour.

M’étant fait conduire le lendemain chez le