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Page:Pradez - Réparation, 1905.djvu/144

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il y avait quelque chose d’étouffé dans sa voix lorsqu’il murmura :

— Voyons, Germaine, est-ce que je suis un tyran, un monstre ? Est-ce que je vous ai jamais opprimée ? Dites-moi au moins une fois clairement ce que vous pensez. Je ne vous comprends plus du tout depuis quelque temps. Cet enfant ne vous est rien, ni à moi non plus. Il met entre nous une ombre, une distance, que sais-je ? une séparation, et vous vous cramponnez à lui comme s’il était la chair de votre chair. Avouez que votre attitude est étrange.

De nouveau la réponse de maman se fit attendre. Je ne sais pas pourquoi, je m’imaginai qu’elle pleurait et pour la première fois j’eus envie de courir à elle et de l’embrasser. Elle finit par articuler avec effort :

— Vous ne m’aimez plus comme autrefois, Philippe.

Elle ajouta tout de suite d’une voix résolue :

— Cet enfant partira dès qu’il sera guéri. Puisque c’est lui qui l’a désiré, eh bien, oui, il partira.

À ces mots décisifs, mon cœur gonflé d’appréhensions confuses éclata. Dans ma détresse, je criai tout haut sans souci d’être entendue :

— Non… non !