Aller au contenu

Page:Pradez - Réparation, 1905.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 167 —

mais je devinais au son de sa voix qu’il était agité et mécontent ; tout à coup il s’écria :

— C’est stupide de rester ici à écouter le vent ! Et pourquoi demeurer ainsi dans l’obscurité ?

Aussitôt maman sortit pour aller demander de la lumière. Dès que nous fûmes seuls, il me prit dans ses bras et, d’une voix tendre, il me dit :

— Isabelle, comme tu ressembles à ta maman !

La tête me tournait, j’avais les oreilles pleines de ce vent sifflant, qui déchirait l’air, et le cœur torturé d’angoisse. Pourtant ces paroles me donnèrent un peu de joie. Sans bien savoir ce que je disais, je demandai :

— À celle du portrait ?

Il répéta :

— Oui, à celle du portrait.

Je réfléchis un instant et j’ajoutai craintive :

— Est-ce qu’elle aurait eu peur du vent comme moi ?

Il demeura quelques secondes pensif, tandis que, haletante d’appréhension, j’attendais sa réponse comme un arrêt suprême. Il dit enfin, lentement :

— Je crois qu’elle aurait eu peur comme toi.