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Page:Pradez - Réparation, 1905.djvu/190

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d’une libre dépense qui avaient présidé au choix et à l’arrangement de cette installation somptueuse.

Puisqu’il jouissait d’une si brillante situation financière, pourquoi l’oncle de Lucien avait-il refusé, autrefois, de s’occuper de son neveu ? Il avait allégué ses propres fils à pourvoir d’abord, mais, dans des affaires montées sur ce pied, il y a place pour tant de travailleurs différents !

Au milieu de ce luxe pesant, dans cette chambre sans air où l’on n’entendait que le roulement assourdi et lointain des véhicules, tout de suite Jacques étouffa. Il alla soulever l’épaisse tenture qui voilait la fenêtre et, coupé par l’angle des toits, un carré de ciel bleu parut. Tout en bas, comme au fond d’une citerne, une cour sans soleil et sans vie dormait. Il pensa aux grands horizons libres, aux vastes étendues dorées des champs, à la pure atmosphère des campagnes qui remplit de vie les poumons, et le luxe des grandes villes avec son envers étroit lui sembla mesquin et peu digne d’envie. À son oreille, à travers la rumeur incessante des rues, il entendait distinctement la voix d’Isabelle, la voix affectueuse, aux tons bas, murmurer : « De-