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Page:Pradez - Réparation, 1905.djvu/211

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nait le vacarme de la fête, émergeait au loin comme une floraison vivace épanouie au ras du sol. Sur la lisière des terres moissonnées qui longeait la route, une rangée de saules bas, à la tête chevelue, accompagnait le cours d’un filet d’eau invisible.

Chaque fois qu’elle traversait une de ces vastes clairières où les notes échevelées de la valse éclataient plus prochaines, Isabelle ralentissait un peu son allure, comme si ce tapage lointain la captivait pour tout de bon ; mais, dès qu’elle se retrouvait sous l’ombre touffue des hêtres, elle accélérait le pas.

Jacques, silencieux, marchait sur ses talons. Il souffrait sourdement sans savoir pourquoi. N’accompagnerait-il pas Isabelle où qu’elle voulût aller ? Alors, ici ou ailleurs, qu’importait ? Pourquoi le désir innocent, où la sève de jeunesse si longtemps comprimée dans le cœur d’Isabelle manifestait enfin sa présence, pourquoi ce désir, un peu enfantin, mais si naturel à son âge, le contrariait-il à ce point ?

Il regardait la jeune fille se hâter le long des allées déjà sombres et il finit par la rejoindre. Avant de se mêler, pour lui faire plaisir, à la cohue de cette kermesse bruyante, il voulait au moins obtenir d’elle la réponse