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Page:Praviel - Le Roman conjugal de M. Valmore, 1937.pdf/173

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LE MARI TROMPÉ

très bien que c’en est fini de ce long roman d’amour qu’elle s’est joué à peu près à elle seule, et, pour dissimuler son désespoir, elle répète, comme une enfant chagrinée, ses pauvres arguments invraisemblables. Elle avance, elle recule, elle jure de ne pas revoir Latouche, de ne plus compter sur lui… Et pourtant elle le supportera s’il le faut.

Et voilà Valmore furieux à son tour. C’est cette Louise Ségaut qui a causé tout le mal, qui est venue tout brouiller par ses visites, ses lettres, ses racontages ! Elle ne pouvait pas demeurer à sa place, celle-là, au lieu de venir exciter la susceptibilité de sa femme ! Il n’en décolérait pas.

En constatant l’orientation nouvelle que prenait son esprit, Marceline, si la douleur ne l’eût pas submergée, aurait eu envie de sourire. Quel brave homme ! Et quelle âme simple !

Je vois avec chagrin que tu es extrêmement exaspéré contre une personne dont je ne pense pas tant de mal qu’on a voulu nous en faire croire. Je l’ai entrevue une fois et je t’assure qu’elle m’a paru belle, timide et fort triste. Cette pauvre jeune femme n’a pas du tout l’air méchant.

On m’a dit, il est vrai, qu’elle était en colère et que l’on me servirait d’appui contre elle, mais tout ce que je vois ne me donne pas de confiance dans les mille contradictions de ce caractère. Je te conjure de ne pas lui écrire