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Page:Praviel - Le Roman conjugal de M. Valmore, 1937.pdf/228

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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

tés alors l’un vers l’autre, il lui était aussi bien difficile d’oublier ici cette jeune mère, qui pour enterrer décemment l’enfant de ses premières amours, avait dû recourir aux bons offices de M. de Bonne. Tout cela le mettait en fort mauvaises dispositions. Il n’eut aucun succès en Belgique. Il essuya même quelques-uns de ces sifflets dont le calme Lyon lui avait fait perdre l’habitude depuis Rouen.

Il se fut tout à fait découragé si Marceline n’était venue passer un mois en sa compagnie. Elle venait de publier Violette, roman en deux volumes, et Villemain, en quittant le ministère, avait eu l’amabilité d’élever sa pension à 1 200 francs. Donc ses affaires littéraires étaient en bonne voie, et cela ne pouvait manquer de servir la carrière théâtrale de son mari. En rentrant rue Saint-Honoré, elle verrait M. Thiers, en qui elle espérait beaucoup et l’on forcerait enfin, avec son appui, les portes du Théâtre-Français.

Fin octobre, elle revint en France, car le public de la Monnaie devenait plus houleux. Il fallait se hâter. Elle s’arrêta cependant à Douai pour voir son frère Félix, ce qui était une initiative bien malheureuse. Cet imbécile ne s’était-il pas mis en tête qu’il ferait, lui aussi, des vers comme sa sœur ?

Les poètes ont parfois cette guigne que leur entourage s’imagine participer de leur talent, et croit facilement que la littérature est un apanage de famille. Autour de Marceline,