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Page:Praviel - Le Roman conjugal de M. Valmore, 1937.pdf/79

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LE FIANCÉ

grande émotion. On le crut mort. Il n’était que blessé. Les jeunes gens de cette espèce savent choir à la manière des chats.

Il n’en demeura pas moins alité assez longtemps pour que les intrigues se fissent jour. Les artistes trop beaux y sont exposés, malgré la faveur des vieilles tragédiennes. On le congédia de ce Théâtre-Français, où il avait pénétré si facilement, où il ne rentrerait plus. Il allait devenir, comme son père, un acteur de province.

Cependant, de tels débuts lui donnaient des titres. Il trouva place bientôt à Nantes, puis à Bruxelles, où il devait rencontrer Marceline.

On a beaucoup dénigré Prosper Valmore, au moins comme acteur. Certains ont voulu voir en lui le prototype de ce Delobelle, auquel, bien longtemps après, Alphonse Daudet devait conférer une fâcheuse immortalité. Notre dessein, en écrivant ces pages, est bien différent. Il n’est pas prouvé que ce tragédien fut sans talent et, malgré de pénibles échecs, il lui arriva de fournir en province, avec beaucoup de mérite, une carrière honorable. Sa femme, un jour qu’elle le sentait découragé, lui a rendu justice, en camarade :

Il est certain, mon bon ange, lui écrivait-elle, que quand tu te possèdes, je ne te connais pas de rival au théâtre. Ta chère voix a des physionomies aussi mobiles que ton visage, et, quand elle est dans ses beaux jours, je sais