Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1898, 5.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 32—

La restauration de cette partie du monument comporte seulement les reprises et réfections partielles nécessaires pour sa remise en bon état de conservation.

Dans la nef, il y a lieu, évidemment, de conserver les voûtes hautes du xvie siècle, où il suffira de raccorder des crevasses peu importantes.

Les plafonds en bois plâtré couvrant les bas, côtés nord et sud sont en très mauvais état par suite d’infiltrations prolongées d’eaux pluviales. Je pense qu’il conviendrait de remplacer ces plafonds par les voûtes d’arêtes détruites, dont le rétablissement compléterait ainsi le voûtage général en maçonnerie des diverses parties de l’église. Comme conséquence, il faudrait pour cela rétablir un certain nombre de piles à colonnes adossées autrefois au mur extérieur du bas côté nord et refaire aussi en cet endroit les arcs formerets détruits au xviiie siècle.

La sacristie actuelle serait, bien entendu, conservée en y faisant les réparations utiles. Je ne verrais pas d’inconvénient à laisser subsister aussi les fenêtres actuelles et les éperons en bon état du bas côté nord, refaits sous Louis XVI. Tout au contraire, j’estime qu’il conviendrait de supprimer la chapelle informe dite des fonts baptismaux, formant une verrue sur la première travée, afin de rouvrir la seule fenêtre romane des bas côtés encore existante et qui détermine l’ordonnance ancienne de leur façade extérieure.

Le mur du bas côté sud a été refait il y a environ cinquante ans, en moellons ; un peu minée comme épaisseur, il pourrait cependant être conservé à la condition de renforcer les contreforts actuels, insuffisants pour maintenir les voûtes à rétablir dans ce bas côté.

Quant à la façade occidentale, j’ai déjà dit plus haut qu’il ne restait rien de son ancien parement extérieur de la fin du xiie siècle. Le mieux, je crois, serait de la conserver telle quelle, avec son ordonnance de l’époque de Louis XVI, en y faisant seulement les réparations et les reprises nécessaires.

En résumé,, les divers travaux de restauration proposés tendraient à un double but :

1° Remettre en état de solidité l’ensemble des constructions de l’église Saint-Pierre, en conservant aux différentes parties de l’édifice le caractère particulier de leur époque respective ;

2° Restreindre le plus possible les dépenses devant résulter de la restauration de ce vieux monument, contenant des exemples

extrêmement. intéressants de. l’architecture parisienne à l’époque gallo-romaine et aux premiers temps du moyen âge.

C’est dans cet esprit qu’est dressé le projet joint au présent rapport. Les dessins de ce projet donnent le plan général de l’état actuel de l’église, indiquant par des teintes différentes les époques diverses de sa construction.

Un plan annexé montre le chœur restauré et débarrassé de ses murs et cloisons modernes avec ses branchements de baies percées après coup, ainsi que le rétablissement de la tourelle d’escalier du clocher appuyée contre le pignon du transept nord remis à son ancien alignement. Une autre feuille donne les coupes de l’état actuel de la nef. Enfin, un dessin de la façade latérale nord figure l’aspect d’ensemble qu’aurait celle-ci après la reconstruction du clocher et du transept détruits.

En ce qui touche la question financière, le devis estimatif détaillé de la restauration du chœur, basé sur les prix de la série des travaux de la Ville de Paris (année 1882) annonce pour cette partie de l’édifice une dépense s’élevant à 119,219 francs, comprenant un dixième pour ouvrages imprévus et les honoraires de l’architecte.

Ce devis comporte la reconstruction du clocher, avec son escalier en tourelle, montés jusqu’au niveau de la corniche du chœur.

Pour les réparations importantes à faire ultérieurement dans la nef, ainsi que pour le complément du clocher et la reconstruction du pignon du transept nord, j’estime que la dépense atteindrait une somme de 190,000 francs, ce qui produirait une dépense totale d’environ 300,000 francs pour la restauration complète de l’église Saint-Pierre de Montmartre.

Sauvageot. »


M. Alfred Lamouroux dit que l’église Saint-Pierre de Montmartre est un des monument des plus intéressants, tant pour l’histoire proprement dite que pour l’histoire de l’art. Ce monument constitue un document de premier ordre. Il demande que les conclusions savantes et pratiques du rapport de M. Sauvageot, qu’il a la bonne fortune de présenter à la Commission soient appuyées auprès du Conseil municipal par un vote favorable de la Commission. Il pense aussi être l’interprète de tous ses collègues en adressant à M. Sauvageot toutes les félicitations et les remerciements de la Commission pour son projet, de restau-