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Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 1, 1857.djvu/115

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fut que tonsuré, — Sabatier était-il de bonne foi ? On doit le croire. Tout, dans son passé, repousse des doctrines pareilles à celles qu’il défend dans son Apologie de Spinoza. Les écrits des sept dernières années de sa vie n’en laissent pas voir la moindre trace.

Ce livre est donc un fait isolé, mais regrettable, car il rompt profondément l’unité d’une vie qui n’était pas sans quelque éclat. Il n’est pas l’expression d’une conviction arrêtée. Sabatier vivait à Altona, où pendant son émigration il avait trouvé un asile honorable, dans un monde qui s’était fait, au nom d’une prétendue religion de progrès, le défenseur ardent et le propagateur zélé des doctrines de Spinoza. Sabatier, chrétien et catholique, n’aurait pas dû s’y laisser tromper. Mais il était du nombre de ces esprits sans fermeté, que la contradiction fortifie dans le bien, et que des ménagements habiles détournent infailliblement vers le mal. Il ne sut pas résister. Quelques propositions spécieuses au fond, d’une rigueur géométrique dans la forme, le séduisirent. Il ne vit pas tout ce qu’elles renfermaient, car il n’y a rien dans son livre qui fasse supposer qu’il ne soit préoccupé de quelque manière, des conséquences auxquelles devaient nécessairement conduire les principes qu’il posait. Que l’on joigne à cette cause la reconnaissance qui trop souvent aveugle et qui, loin de la patrie, devait être toute puissante sur le cœur de Sabatier, et l’on aura, non pas sans doute la justification, pas même l’excuse, mais l’explication d’une triste et regrettable inconséquence.