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Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 1, 1857.djvu/15

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Cela est vrai, Messieurs ; cela est profondément senti, noblement exprimé. Or la meilleure réponse à faire est celle dont vous vous êtes chargés, au nom de vos concitoyens, en vous offrant spontanément pour les servir de vos exemples, vous qui croyez à l’avenir d’une institution comme celle-ci, basée sur la double condition du travail collectif, organisé, et du mérite personnel reconnu et récompensé, précisément parce que lorsqu’on saura quelque chose, c’est qu’on l’aura appris.

Est-ce donc à dire que vous prétendriez imposer au pays une autorité oppressive, un contrôle gênant, une direction forcée, un mouvement contre sa nature ? Loin de là ; vous voulez respecter la liberté intellectuelle dans toutes ses conséquences. Cette intention résulte des démarches déjà accomplies pour constituer le personnel honorable qui m’entoure ; elle est écrite implicitement dans les statuts fondamentaux et dans le règlement intérieur que nous allons livrer à votre discussion ; elle forme le premier terme de la tradition qui nous rattache à l’académie castraise de 1648, et, par elle, à cette vérité ainsi stéréotypée dans ses registres :

Art. 15 du règlement. — « Et, d’autant que l’esprit naturellement ennemi de toute contrainte, ne peut s’appliquer avec toute sa force à un travail que la nécessité ou le sujet lui rendent désagréable, aucun académicien ne pourra être obligé à proposer aucune question, ni à composer aucune pièce, si bon ne lui semble, mais chacun sera pour ce regard en pleine et entière liberté. »

Il s’agissait alors, Messieurs, de fixer la langue française ; il fallait l’arracher aux langes de son enfance grecque, latine ou romane, pour la livrer à ses propres forces ; il importait de faire concourir chaque partie du territoire national à cette unité de langage qui avait été une des préoccupations de Richelieu. Nos pères y contribuèrent pour quelque chose, croyons-le, puisque nous trouvons dans nos compatriotes d’alors le nom de Pelisson,