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Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 2, 1858.djvu/170

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Tous les peuples, comme tous les hommes, peuvent peindre les scènes de la nature physique dans leur infinie variété ; ils peuvent combiner, avec plus ou moins d’art, toutes les conceptions de l’intelligence, et rendre, avec une vérité plus ou moins saisissante, les émotions les plus délicates et les passions les plus terribles du cœur. C’est le fond de toutes les littératures ; et comme ce fond est dans l’homme et dans le milieu où se passe son existence, il n’est pas probable qu’il le dédaigne ou le méconnaisse. Voilà pourquoi on le retrouve chez tous les peuples, quel que soit leur degré de civilisation et de perfectionnement intellectuel ou moral.

À côté de cette première inspiration, ou de ce que l’on pourrait appeler la matière de la littérature, vient se placer l’influence de la société. De toute agglomération d’individus régis par les mêmes lois, protégés par la même autorité, défendus par la même force, ressort un ensemble de pensées, de sentiments et d’aspirations, un courant extérieur qui est comme l’émanation de toutes ces âmes, le souffle de toutes ces existences. C’est ce qui donne à une époque et à un peuple, leur physionomie propre et distincte. C’est ce qui fait qu’en conservant les caractères généraux qui accusent partout, dans tous les arts, une même origine et une même destinée à la nature humaine, les œuvres littéraires nous offrent des signes nombreux et éclatants, par lesquels se révèle cette variété infinie qui, dans la création, accompagne toujours l’unité sans la contraindre ni la détruire.

Si la nature est la même d’une manière générale, pour tous les temps et pour tous les degrés de civilisation, elle peut subir dans la forme dont elle se sert pour exprimer ses impressions, des modifications importantes. C’est ce qui donne à l’histoire de la littérature un si grand intérêt et une si saisissante variété. L’homme se peint en reproduisant la nature, les hommes se révèlent