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Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 2, 1858.djvu/174

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doit pas perdre de vue son origine et ses destinées. Créature déchue, il cherche à se réhabiliter ; et si

L’homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux,

nous savons qu’il aspire à y remonter, et à reconquérir son premier empire. Les créations intellectuelles sont pour lui un moyen de perfectionnement pour son esprit et pour son cœur. Tant que les œuvres de toute sorte ne sont pas dirigées vers ce but, elles n’ont pas de portée réelle, elles ne peuvent constituer véritablement une littérature, car elles ne sont pas d’accord avec les destinées de l’humanité.

Ainsi tous les peuples ont des œuvres littéraires ; tous les peuples n’ont pas une littérature. Parmi les nations antérieures au christianisme, les Grecs et les Romains seuls, ont un ensemble d’œuvres placé dans des conditions particulières aux écrivains, ou dépendant de la société, qui en font d’éclatantes et riches littératures. Il a pu exister, en dehors d’eux, des peuples réunissant tous les caractères que nous croyons indispensables pour former une littérature. Mais rien dans ce que nous a transmis l’antiquité ne nous permet de l’affirmer avec certitude. L’Égypte, l’Inde et la Chine semblent posséder des trésors assez nombreux et d’un assez grand prix, pour qu’elles puissent être exclues de cette espèce de proscription, et rapprochées des peuples assez heureux ou assez habiles, pour avoir donné de leur civilisation une image complète dans les productions de leur esprit. Mais ces exceptions n’infirmeraient nullement cette proposition générale, dont la preuve ressort de la situation intellectuelle et de la condition sociale de toutes les civilisations : les peuples en dehors du christianisme, peuvent avoir une littérature : sous l’action directe ou indirecte du christianisme, ils doivent avoir une littérature.