Aller au contenu

Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 2, 1858.djvu/292

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 292 —

Dans le petit salon des dessins et des photographies, M. Albrespy, de Castres, occupe une de ces places qui sont mortelles pour une œuvre ; et pourtant, son portrait, d’une aimable et charmante personne, semble n’y rien perdre, tant le modelé est consciencieux et bien senti, le dessin correct et l’ensemble harmonieux. M. Albrespy est un amateur dont bien des artistes peuvent envier le talent. Le grand salon renferme de lui une excellente copie d’un beau tableau du Guide. Sans doute, il est plus facile de copier que de créer. Cependant, une copie dans laquelle se reproduisent à un degré éminent les qualités du modèle, où les défauts ne sont point exagérés, où l’inspiration première semble revivre dans tout son éclat, et se manifester dans toute sa liberté, n’est pas aussi facile à faire qu’on le croit habituellement. On peut admirer un tableau, en sentir toutes les délicatesses et en comprendre toutes les beautés, sans être en état de s’associer intimement à la pensée qui l’a conçu, et aux procédés par lesquels il a été exécuté.

M. Albrespy, d’ailleurs, avait prouvé par un portrait, qu’il était capable de prendre la nature sur le fait : il l’a montré par sa Vue de Castres, dont la couleur est riche et la touché originale. Dans ces conditions, et avec ces avantages, on ne s’arrête pas. Une prochaine exposition sera une bonne fortune pour M. Albrespy qui ne s’y présentera pas seul. Il voit naître auprès de lui de ravissantes aquarelles. Artiste, il en sent tout le prix : pourquoi ne vaincrait-il pas une modestie trop obstinée, et ne donnerait-il pas à tous ceux qui aiment les choses de goût délicatement faites et habilement combinées, l’occasion d’admirer et d’applaudir ?

Le paysage a subi des variations, il a passé par des phases diverses, comme tous les autres genres de peinture. Après le style maniéré et faux du XVIIIe siècle, après ce laisser-aller qui s’alliait avec une certaine affectation, on voulut venir à plus de pureté, et l’on tomba dans la sé-