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Page:Procès verbaux des séances de la Société littéraire et scientifique de Castres, Année 2, 1858.djvu/303

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M. Azaïs ne discute pas longuement ces observations ; il passe outre, après avoir signalé combien elles sont humiliantes pour la raison humaine, qui s’est égarée jusqu’à les reproduire ou les accepter. Il insiste, en s’appuyant sur ce verset de la Bible : Erat autem terra labii unius et sermonum eorumdem, pour prouver que le langage du premier homme, le seul qui pût alors exister, s’est continué jusqu’au déluge.

La vie des hommes était longue : les familles étaient nombreuses ; elles ne s’étaient pas encore emparées de la terre dont les vastes espaces s’ouvraient devant elles. L’imitation leur avait donné le langage : aucune cause étrangère n’avait pu jusqu’alors l’altérer. Après le déluge, un grand fait se produit. Les hommes que l’orgueil avait réunis, sont obligés de se séparer brusquement, car la justice divine a creusé entre eux un abîme immense. Ils ne s’entendaient plus. Quel fut le résultat de cette vengeance terrible ? La dispersion ; et avec la dispersion, la formation de différents états, et le développement simultané de diverses langues.

Mais cette œuvre divine porte l’empreinte de son auteur. La justice n’avait pu marcher sans la sagesse. La langue primitive dut survivre, et les langues différentes ne durent être que des dialectes du langage primitif. Les mots restèrent les mêmes, leur signification fut changée, et la confusion résulta, non pas d’éléments nouveaux jetés dans le langage primitif, mais d’un emploi particulier des termes existants, qui ne subirent dans certains cas, que d’insignifiantes modifications.

M. Azaïs appuie cette opinion sur des exemples nombreux et sur des rapprochements qui étonnent, lorsqu’on aperçoit, à travers d’immenses distances ou après des siècles, le même mot employé dans un sens identique, ou également constitué, avec une signification différente, sans qu’il soit possible de mettre cette ressemblance sur le