Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/198

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exprime l’âme de la société ; unité spirituelle, ordre intelligible, qui nous rallie par toutes les puissances de notre conscience et de notre raison, et cependant nous laisse la pensée libre, la volonté libre, le cœur libre ; je veux dire ne soulève de notre part aucune protestation, comme il nous arrive quand nous sommes en présence du Droit et de la Vérité. Que dis-je ? Ce qu’il nous faut aujourd’hui est une unité qui, ajoutant à toutes nos libertés, s’accroisse à son tour et se fortifie de ces libertés elles-mêmes, ainsi que le donne à entendre le couple métaphysique pris pour devise par la Bourgeoisie de 1830, Liberté-Ordre.

Se peut-il donc que l’unité politique satisfasse à des conditions pareilles ? Assurément, pourvu toutefois qu’elle repose elle-même sur ce double fondement : Droit et Vérité ; car il n’y a que deux choses qui ne puissent jamais engendrer pour nous de servitude, la Vérité et le Droit.

Prenons un exemple : le système des poids et mesures.

Est-ce que, si notre système métrique s’établissait un jour par tout le globe, unissant ainsi tous les producteurs et négociants de la terre dans le commun emploi d’une même méthode d’évaluation et de compte, il résulterait de cette unité, moitié scientifique, moitié contractuelle, la moindre gêne et le moindre désavantage pour personne ? Loin de là, toutes les nations y trouveraient, pour leurs relations économiques, d’innombrables facilités et la suppression d’une foule d’entraves. Si, à l’heure où nous parlons, cette réforme des poids et mesures, si rationnelle, si utile, ne s’est pas encore, et d’un empressement unanime, partout accomplie, croyez-vous que cela vienne d’intérêts ou de libertés contraires ? Eh non : ce sont les préjugés locaux, les amours-