Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/221

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

le Droit économique, le principe de mutualité crée l’unité de la science juridique ; il fait voir, mieux qu’on ne l’avait aperçu jusqu’alors, que le droit est un et identique, que toutes ses prescriptions sont uniformes, toutes ses maximes des corollaires les unes des autres, toutes ses lois, des variantes de la même loi.

L’ancien droit, que la science des vieux jurisconsultes avait subdivisé en autant de branches spéciales qu’il s’appliquait à d’objets différents, avait pour caractère général, dans toutes ses parties, d’être négatif ; d’empêcher plutôt que de permettre ; de prévenir les conflits, plutôt que de créer les garanties ; de réprimer un certain nombre de violences et de fraudes, plutôt que d’assurer, contre toute fraude et violence, la création de la richesse et de la félicité commune.

Le nouveau Droit est au contraire essentiellement positif. Son but est de procurer, avec certitude et ampleur, tout ce que l’ancien droit permettait simplement de faire, l’attendant de la liberté, mais sans en chercher les garanties ni les moyens, sans même exprimer à cet égard ni approbation ni désapprobation. Manquer à la garantie, à la solidarité sociale ; persister dans les pratiques de l’anarchie mercantile, de la dissimulation, du monopole, de l’agiotage, est réputé désormais, de par le nouveau Droit, un acte aussi répréhensible que toutes les escroqueries, les abus de confiance, les faux, les vols à main armée et en maison habitée dont la loi s’est jusqu’à ce jour occupée presque exclusivement. Ce caractère positif du Droit nouveau, les obligations nouvelles qui en résultent, la liberté et la richesse qui en sont le fruit, nous l’avons suffisamment développé dans les questions relatives à l’assurance, à l’offre et à la demande, à la fixation