Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/248

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titution. Qu’a-t-elle fait en tout cela que solfier une variation sur l’idéal qui nous possède depuis 89 ? En quoi l’administration, la justice, la politique, en quoi le Gouvernement et l’économie publique ont-ils différé de ce qu’ils avaient été sous la fin du règne de Louis-Philippe ? Personne, ni dans le parti légitimiste, ni dans le parti bonapartiste ou orléaniste, ne s’est trouvé le moins du monde dérouté ; tout le monde s’est senti à l’aise dans la nouvelle république ; le clergé lui-même, qui avait traité l’ancienne d’hérétique, a pris part aux travaux de la seconde. Cette république, œuvre des praticiens de la forme, n’avait donc rien qui la distinguât de la monarchie ; et nous avons eu raison, nous autres socialistes, de la répudier.

Arrive le 2 Décembre, La Constitution de 1852 se substitue à celle de 1848 ; pendant quelques années, les hommes qu’avait évincés le coup d’État se tiennent, par sentiment de dignité personnelle, à l’écart. Puis ils se ravisent, et nous les avons vus tous, royalistes, républicains, membres du Gouvernement provisoire, reprendre leurs places d’opposants dans le Parlement. C’est que dans la Constitution de 1852, comme dans celle de 1848, ils avaient reconnu, sous des traits fort peu défigurés, leur idéal.

Quant à la Démocratie socialiste, à la plèbe travailleuse, ce fut autre chose : on peut dire d’elle qu’elle n’a trouvé son idéal au fond d’aucune des constitutions que la France s’est données depuis 89, et que la Révolution se résume tout entière pour elle dans ces formules vagues : Suffrage universel, Droit au travail, Abolition du pro-