Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/273

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qui, disent-ils, s’est fait la part trop grosse. Quand la patrie est en danger, qui hésiterait à la sauver, même au prix d’un faux serment ?

Mais nous, Démocrates du siècle nouveau, plèbe du travail et du droit, qui nous flattons de régénérer les mœurs sociales et politiques, qu’avons-nous à faire dans cette intrigue ? Nous flatterions-nous, par hasard, qu’elle tournât à notre profit ? Mais comment ne pas voir qu’en nous ralliant à l’Opposition, nous ne faisons que substituer une domination à une autre, en sorte que le seul fruit que nous ayons à recueillir de notre serment, sera d’avoir sacrifié nos intérêts et nos consciences sur l’autel des intérêts bourgeois ? Nous nous serons faits conspirateurs, apostats, parjures, pour le compte d’une coalition, formée beaucoup moins contre l’Empire que contre nous. Qui sont-ils, en effet, ces hommes qui paraissent si acharnés à la perte du Gouvernement impérial ?

De vieux légitimistes, restes de l’antique noblesse, vivant de leurs titres, de leurs rentes, de leurs privilèges, de leurs complaisances, plus que de leur main-d’œuvre ; ayant besoin de la protection du prince plus que de la mutualité de leurs pairs, résignés d’avance, avec M. Berryer, à passer, s’il faut, pour le salut de la société, de la dynastie des Bourbons à celle des Bonaparte. Sans doute ils ne franchiront le pas qu’à la dernière heure, mais ils le franchiront : les principes et la chose publique avant tout.

Des millionnaires orléanistes, la crème et la fleur de la bourgeoisie, financiers, spéculateurs, ayant la main dans toutes les grandes affaires, vivant d’actions, de subventions, de pots-de-vin, de différences et de réalisations, bien