Page:Proudhon - De la Capacité politique des classes ouvrières.djvu/301

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sale, tout ou rien. Faites-lui la part aussi belle que vous voudrez : dès l’instant qu’elle ne relève pas de son droit propre, qu’elle doit reconnaître une loi plus haute, que le grand groupe dont elle fait partie est déclaré son supérieur, non l’expression de ses rapports fédéraux, il est inévitable qu’un jour ou l’autre elle se trouve en contradiction avec lui, et que le conflit éclate. Or, dès qu’il y aura conflit, la logique et la force veulent que ce soit le Pouvoir central qui l’emporte, et cela sans discussion, sans jugement, sans transaction, le débat entre supérieur et subalterne étant scandaleux, inadmissible. Donc nous reviendrons toujours, après une période d’agitation plus ou moins longue, à la négation de l’esprit de clocher, à l’absorption par le centre, à l’autocratie. L’idée d’une limitation de l’Etat par les groupes, là où règne le principe de la subordination et de la centralisation des groupes eux-mêmes, est donc une inconséquence, pour ne pas dire une contradiction. Il n’y a d’autre limite à l’État que celle qu’il s’impose volontairement en lui-même en abandonnant à l’initiative municipale et individuelle certaines choses dont provisoirement il ne se soucie point. Mais vienne le jour où il croira devoir revendiquer, comme étant de son domaine, les choses qu’il en avait d’abord détachées, et ce jour arrivera tôt ou tard, puisque le développement de l’État est indéfini, et non-seulement l’État obtiendra gain de cause devant les tribunaux, il aura raison devant la logique.

Puisqu’on se dit libéral, et qu’on est si osé que de parler des limites de l’État, tout en réservant sa suzeraineté, que l’on dise encore quelle sera la limite de la liberté individuelle, corporative, régionale, sociétaire, la limite de